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AI for work

Comment PALO IT structure sa transformation IA : l’interview exclusive de Vincent Desclaux

Melissa Mogla
May 6, 2025

L’intelligence artificielle transforme radicalement notre manière de produire, de décider et de collaborer. Pour certains secteurs, elle représente bien plus qu’une opportunité : c’est un enjeu stratégique. Le secteur du conseil technologique en est l’un des plus avancés, et les entreprises qui l’incarnent doivent, plus que jamais, montrer la voie.

Dans le cadre de l’initiative AI FOR WORK portée par Cominty, nous donnons la parole à des dirigeants de tout secteur pour comprendre comment l’IA s’intègre concrètement dans leurs organisations. Aujourd’hui, cap sur PALO IT un cabinet mondial de conseil en technologie qui conçoit, développe et déploie des produits et services numériques et durables avec le témoignage sans filtre de son Managing Director, Vincent Desclaux.

Quelle est votre perception de l’IA aujourd’hui, en tant que dirigeant d’une entreprise tech ?

Vincent Desclaux : "En tant que dirigeant d’une entreprise dans le domaine de la tech, je suis convaincu que l’IA est l’avenir de notre industrie, et plus largement du monde. Elle ne se contente pas d’automatiser des tâches : elle transforme en profondeur notre façon de travailler, d’interagir les uns avec les autres, de créer, de penser et de produire.

Loin d’être une menace ou un simple jouet technologique, l’IA est un véritable levier d’amplification pour nos équipes. Elle nous permet d’aller plus vite, d’être plus précis et d’explorer de nouvelles approches. Bien sûr, il reste des défis : toutes les solutions ne tiennent pas leurs promesses et l’IA ne fonctionne pas simplement en appuyant sur un bouton. Mais lorsqu’elle est bien intégrée, elle devient un accélérateur puissant pour notre développement et un formidable outil d’augmentation du travail humain.

Cela dit, pour en tirer pleinement les bénéfices, il ne suffit pas de se focaliser sur la technologie elle-même. L’IA n’a de valeur que si elle est accompagnée d’une transformation en profondeur de nos modes de fonctionnement. Je pourrais même utiliser la métaphore d'un changement d'"operating system” : adaptation des compétences, évolution des méthodes de travail, réflexion sur l’éthique et la gouvernance des données. C’est cette approche globale qui fera la différence."

Quelle est votre vision de l’IA appliquée au monde du travail, et votre rôle dans cette transformation ?

VD : "En tant que dirigeant, mon rôle est de piloter cette transformation de manière claire et structurée. Cela commence par la définition d’une vision partagée (et inspirante :)) et d’une direction claire pour l’intégration de l’IA dans notre organisation. Nous devons tous savoir où nous allons et pourquoi l’IA est un levier clé pour notre croissance et notre avenir.

Il est également crucial de clarifier le cadre de déploiement et les cas d’usage spécifiques à notre entreprise. Chaque équipe doit comprendre comment et pourquoi elle va utiliser l’IA, avec des objectifs précis et mesurables. Cela inclut une explication des risques (car comme toute technologie, l’IA comporte des défis) ainsi que des bénéfices potentiels, afin que chacun puisse saisir l’opportunité dans toute sa complexité.

Pour que l’adoption soit réussie, il est essentiel de créer un environnement propice à l’expérimentation et à l’innovation, mais aussi à l’échec. C’est en favorisant une approche “fail fast, fail safe” que nous pourrons avancer rapidement, en tirant des leçons de nos erreurs tout en restant protégés contre les risques. Cela implique aussi de financer correctement le déploiement de l’IA, en investissant dans les bons outils et en soutenant les équipes pour qu’elles aient les ressources nécessaires pour réussir.

Mais mon rôle va au-delà des stratégies et des financements. Il s’agit aussi de montrer l’exemple. En tant que dirigeant, je dois incarner cette transformation, adopter les outils et les pratiques que je souhaite voir implémenter à tous les niveaux. Cela signifie aussi être à l’écoute des craintes et des résistances, comprendre les préoccupations des équipes et y répondre de manière transparente et humaine (townhall, demos, lean coffee autour de l'IA...).

L’IA est bien une révolution technologique majeure, comme l’ont été la machine à vapeur, l’électricité ou l'internet. Dans ce contexte, les dirigeants ont un rôle central à jouer. Le ton doit venir d’en haut, c’est-à-dire de nous, pour garantir une transformation qui soit bénéfique, éthique et durable."

Quelles initiatives avez-vous déjà prises pour intégrer l’IA dans votre entreprise ?

VD : "Cela fait maintenant plus de 10 ans que nous avons constitué des équipes spécialisées en data et IA, qui mènent des recherches, réalisent des expérimentations et déploient des solutions aussi bien en interne qu’auprès de nos clients. Nous avons un lab dédié à l’innovation, avec une stream entièrement focalisée sur la data et l’IA, où nous testons sans cesse de nouvelles technologies pour anticiper les besoins de demain.

Nos partenariats avec des leaders technologiques comme Microsoft, Github et Snowflake nous permettent d'intégrer les dernières innovations à notre stratégie, en restant constamment à la pointe des évolutions.

Nous avons également intégré des formations sur le prompt engineering dans nos programmes d'onboarding, afin d’assurer que chaque collaborateur soit sensibilisé et formé à ces nouvelles pratiques dès leur arrivée.

Nous sommes fiers de dire que nous faisons partie des seules entreprises tech en France à avoir complètement redéfini la conception logicielle du sol au plafond. Concrètement, nous n'écrivons plus aucune ligne de code de manière manuelle. Tout est généré par des machines, savamment orchestrées par des équipes d’experts. Cela inclut la génération des user stories, la création des artefacts de design, la rédaction des cas de tests et même des commentaires dans le code. Cette approche innovante, que nous avons déposée sous forme de marque et brevetée, est en train d’être déployée à la fois en interne et auprès de nos clients.

Nos équipes commerciales sont aussi équipées d’outils qui automatisent l’intégralité du cycle de vente, depuis la prospection jusqu’à la rédaction des propositions, ce qui nous permet de gagner en efficacité et de concentrer nos efforts là où cela crée le plus de valeur.

Cependant, bien que l’IA soit une révolution technologique, il est important de garder en tête qu'elle ne résout pas tous les problèmes. Il est crucial de savoir choisir quand et comment l’utiliser, en fonction des enjeux et des contextes spécifiques. L'IA peut transformer nos métiers, mais elle doit être intégrée de manière réfléchie et appropriée pour qu’elle soit véritablement bénéfique."

Quelles limites ou défis avez-vous rencontrés dans l’adoption de l’IA ?

VD : "L'adoption de l'IA, bien que pleine de promesses, présente des défis de taille. Bizarrement, une grosse résistance au changement a émergé en interne (paradoxale pour une boîte dans la tech et l'innovation ;)). Certaines de nos équipes techniques ont mis un temps considérable à accepter l’IA, à vouloir changer et à l’adopter pleinement. Cela a pris plus de temps que prévu, surtout face à une génération d’outils souvent encore trop génériques, qui ne peuvent pas être utilisés tels quels et nécessitent des ajustements pour devenir vraiment efficaces.

Un autre défi est lié à la formation et à l’adoption, qui sont des processus longs et complexes. Il est essentiel d'accompagner nos équipes, mais aussi nos clients et partenaires, qui ont souvent tendance à se focaliser sur la technologie en elle-même sans toujours relier cela à des problématiques concrètes et des cas d’usage spécifiques. Parfois, des entreprises oublient de lier la technologie à un “problème à résoudre”, ce qui peut mener à des implémentations inefficaces.

Du côté des pouvoirs publics, en particulier en Europe, l’accent est souvent mis sur la mise en place de normes plutôt que sur les véritables défis que sont l’innovation, le déploiement, l’adoption, la formation, et la conduite du changement. Cela ralentit parfois la cadence de transformation nécessaire à l’échelle industrielle.

Dans notre cas, pour une entreprise de taille intermédiaire, suivre le rythme est une vraie course à l’armement. Les moyens nécessaires pour rester à la pointe sont considérables. C’est une industrie qui évolue à une vitesse vertigineuse, et il suffit de partir en vacances deux ou trois semaines pour revenir et constater qu’un tout nouveau concurrent est apparu, ou qu’un acteur majeur a disparu. La rapidité du changement impose de revoir constamment ses priorités et ses ressources.

Enfin, ces technologies créent des dépendances, parfois inattendues. Nous avons un exemple en interne : au tout début du déploiement de solution de GenAI, nous avons dû interdire l’usage des outils dans nos emails, car ils étaient rédigés de manière trop sophistiquée, presque comme si Molière les avait écrits ! Cela a conduit à une phase de retour aux fondamentaux, avec la mise en place de programmes de formation pour guider correctement nos équipes.

Il y a également un risque de “garbage in, garbage out”. Si la qualité des données alimentant les algorithmes est insuffisante ou biaisée, les résultats en seront tout autant. Cela souligne l’importance d’avoir une gestion de données rigoureuse avant même de penser à déployer des solutions IA."

Quelles sont les variables déterminantes pour une adoption réussie de l’IA chez PALO IT ?

VD : "Pour que l’IA soit véritablement adoptée dans notre entreprise, il est crucial de commencer par une vision claire, définie et partagée. Nous devons d’abord comprendre pourquoi nous intégrons l’IA, et la raison d’être de cette transformation doit être ancrée dans la stratégie d’entreprise. C’est la première étape pour susciter l’adhésion des équipes et garantir une adoption efficace.

Le processus de co-création avec les équipes est aussi primordial. Les cas d’usage doivent être choisis de manière pragmatique et, surtout, en fonction des besoins réels. L’IA ne doit jamais être une fin en soi, mais un levier pour améliorer des processus existants, simplifier des tâches complexes ou automatiser des étapes répétitives.

Il est important de suivre les fondamentaux des transformations digitales des 20 dernières années. La tech reste un outil au service de l’entreprise, et non l’inverse. En parallèle, il ne faut pas oublier de mettre l’accent sur l’humain. La formation, l’accompagnement au changement et l’empathie sont des facteurs clés pour garantir l’adhésion et l’efficacité de la transition vers l’IA. Les équipes doivent être soutenues, guidées et formées tout au long de ce processus.

Enfin, l’intégration de l’IA dans la stratégie globale de l’entreprise est essentielle. L’IA ne doit pas être un silo, elle doit contribuer à la performance de l’ensemble de l’organisation. De plus, il faut redéfinir son modèle opérationnel pour qu’il intègre l’IA de manière fluide, sans être uniquement construit autour de la technologie. La technologie, dans ce cas, doit être un “enabler” pour des processus et non l’élément central."

Pour aller plus loin

Le témoignage de Vincent Desclaux illustre parfaitement les enjeux auxquels font face les dirigeants qui souhaitent intégrer l’IA de manière stratégique, pragmatique et responsable. Cadrage, vision partagée, gouvernance des données, souveraineté technologique : ces sujets ne sont plus réservés à la tech, ils concernent aujourd’hui toutes les entreprises.

Dans le cadre de l’initiative AI FOR WORK, Cominty donne la parole à des décideurs de secteurs critiques (tech, industrie, défense, santé…) pour partager leurs retours d’expérience, leurs bonnes pratiques et leurs défis concrets face à la transformation IA.

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